Boudjellal: « Si on est éliminé, c’est la fin d’un cycle et on verra pour l’avenir du club »

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Voici ce que Mourad Boudjellal a déclaré:


Mourad, comprenez-vous les critiques qui s’abattent parfois sur vous ?

Moi, j’ai une vérité. Si on se rend compte demain qu’elle a atteint sa limite -ce qui est possible- on passera à une autre vérité. Moi, j’ai toujours essayé de faire de mon mieux. Je ne sais pas si « mon mieux » sera suffisant pour faire gagner ce club, mais en tout cas je n’ai pas triché. Après, on me dit que moi, je gueule dans les médias. Mais bien sûr que je gueule, puisque je n’ai aucun pouvoir dans le monde du rugby. C’est sûr que ceux qui ont le pouvoir, qui prennent les décisions, ils ne crient jamais. Ils ont mis les lois en place. Moi, mon seul pouvoir, ce sont les médias, je n’en ai pas d’autres. »


Vous semblez un peu agacé…

Oui, parce que ça fait plusieurs mois que j’en prends plein la gueule. Je me retrouve avec des gens qui me surveillent pendant un match parce que j’ai employé le mot « sodomie ». Des gens qui se sentent le droit de juger les mots d’un autre. Ils auraient pu me mettre en prison, ils m’auraient mis en prison !


De quelle manière êtes-vous surveillé ?

Je me retrouve avec un ou deux fédéral tout droit sorti d’un mauvais épisode de Derrick, payé en Tickets restaurant par la Fédération Française de Rugby et qui me prennent par le bras quand je veux me déplacer sur un terrain de rugby, tout ça parce que j’ai employé le mot sodomie. Je me retrouve avec des vieux, qui ont des idées de vieux, et qui ne comprennent pas qu’on peut avoir des idées différentes sans être vulgaire parce qu’on s’exprime d’une autre façon. Et ça, ils n’arrivent pas à comprendre parce qu’ils sont vieux ! Et s’ils sont vieux, je ne vais pas les rajeunir.


A posteriori, comment jugez-vous votre sanction ?

Comme disait Brassens : « Le temps ne fait rien à l’affaire. Quand on est con, on est con ! » Qu’on soit jeune ou vieux. J’estime qu’on n’a pas le droit de punir quelqu’un pour un mot. On a le droit de punir des gens pour des idées délictuelles : le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme. Le mot « sodomie », ça n’est pas un délit. On ne met pas quelqu’un en prison pour ça, sauf dans les dictatures. Et encore, même dans les plus grandes dictatures d’Amérique du Sud, on ne punit pas quelqu’un pour ça.


Comprenez-vous que vos sorties puissent parfois choquer ?

Les mots ont un sens, les actes ont un sens et même dans le monde du sport, on ne peut pas le retirer leur sens. On a le droit de les trouver vulgaire. Mais on a aussi le droit d’avoir la largesse d’esprit de comprendre qu’il y a des gens qui pensent différemment, qui s’expriment différemment. Et ce n’est peut-être pas vulgaire pour lui. Le rugby a grandi grâce à Canal +. Canal+, c’était la chaine de l’insolence. On aurait dû interdire Groland, De Caunes, Karl Zéro, Alain Chabat, les Nuls… Il fallait leur mettre 130 d’interdictions de télévision ! Dans le rugby, on le fait… Et il faut savoir que souvent, les gens qui ont employé des gros mots ont fait avancer le monde. Ce n’est pas ceux qui sont restés sur les acquis et leur culture de vieux qui ont fait avancer le monde.


Comment vous appréhendez le match demain soir ?

Il y a deux issues possibles demain soir : soit on sera qualifiés pour les demi-finales du Top 14, soit on est éliminé. Alors, on estimera que c’est la fin d’un cycle et on verra pour l’avenir du club.


Comment ça, la fin d’un cycle ?

Oui, la fin d’un cycle. Je n’ai pas dit la fin de ma présidence, mais ça sera la fin d’une certaine façon de diriger le club. Ca sera la fin d’une histoire qui a commencé avec Tana Umaga il y a 6 ans, et il faudra changer de cap. Il faudra changer de politique parce que cette politique-là aura montré ses limites.


Quel est votre point de vue sur les nombreuses sanctions qui frappent le RCT ?

On a été privé de notre entraineur 60 jours, ça a eu une influence, sans quoi on n’aurait pas besoin d’entraineur dans les vestiaires. On a été privé d’un troisième ligne pendant 4 mois. On va nous priver d’un de nos piliers jusqu’à la fin de la saison. Ça fait beaucoup pour un club. Je ne sais pas si les règles sont véritablement dans le monde du rugby. Moi, je viens d’un monde où l’équité à un véritable sens. Il faut croire que dans le rugby, ça n’est pas le cas. Les règles ne sont pas les mêmes pour tout le monde, ça devient très difficile.

 

Mourad Boudjellal est donc remonté et une défait marquerait probablement un tournant pour le RCT qui pourrait perdre son président



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