Des origines à 1967

Né en 1823 au Collège de Rugby(en Angleterre) d’un coup de folie géniale de William Web Ellis (qui repose à Menton) et codifié pour la première fois en 1846, le Rugby-Football fut importé en France vers 1872 au Havre. Il faudra attendre 1892 pour que se joue la première finale française entre le Racing Club de France (club parisien fondé en 1882) et Stade Français (autre club parisien fondé en 1883), finale arbitrée par le Baron Pierre de Coubertin (celui des Jeux Olympiques modernes) et remportée 4 à 3 par le Racing.

Le Rugby s’exporta dans toute la France et toucha les rivages de la Méditerranée, en commençant par… Marseille où 3 Clubs, dont l’Olympique de Marseille, apparurent aux alentours de 1897.

Côté varois, ce fut à Hyères, fort fréquenté par les touristes britanniques, que fut créée la première société varoise de football en avril 1899, le Football Club Hyèrois qui devint dès le mois de mai l’Union Sportive Hyèroise.

Il faut alors se transporter du côté de La Seyne avec la naissance en 1902 de l’Union Sportive Seynoise. Son Président fondateur, Victor Marquet, était né à Paris et avait côtoyé Frantz Reichel au Lycée Lakanal. Chef du personnel au service électricité des Forges et Chantiers, Marquet était décrit comme un homme autoritaire et ombrageux.

Le 17 novembre 1902 se disputa le premier match de rugby à Toulon après que Victor Marquet ait encouragé la naissance de l’Etoile Sportive Toulonnaise en juin 1902, l’EST qui fixa son siège à la Cité Montéty et son premier Président fut Dusselier, arbitre du Comité du Littoral (dont le siège était alors à Marseille). Les pionniers du Rugby Toulonnais sont Victor Seguin, Joseph Schmusk et Aimé Papel.

Lors de la saison 1904-1905, deux Clubs se disputaient le Championnat du Var : l’US Seynoise et l’ES Toulonnaise.

En décembre 1906, des dissidents de l’US Seynoise et du Vélo Sport Seynois fondent l’Olympique Seynois.

En février 1907, « Le Var Sportif » appelle à la fusion de l’US Seynoise et de l’Olympique Seynois. Cet appel sera bien entendu par les membres de l’USS et par ceux l’Etoile Sportive Toulonnaisequi fusionnent sous le nom de Stade Varois.

Et c’est ainsi que naquit le Rugby Club Toulonnais en 1908…

Cette équipe du Stade Varois ne vivra que le temps d’une saison, le temps nécessaire pour que ses membres rentrent en conflit avec le Comité du Littoral qui n’avait sélectionné aucun de ses joueurs pour rencontrer la sélection nationale de la Flotte.

Se formera alors une équipe mixte composée de six joueurs de la Sélection Maritime, de trois joueurs du Sporting Club Télégraphique(les télégraphistes des régiments coloniaux) et de six joueurs du Stade Varois qui rencontrera la Sélection du Littoral en mars 1908.

Et ainsi, naquit en juin 1908, dans un des salons du « Coq Hardi », grande brasserie toulonnaise du début du XXème siècle située Boulevard de Strasbourg, le Rugby Club Toulonnais.

Le Club ne sera déclaré que le 8 février 1917 en Sous-Préfecture de Toulon (Draguignan étant encore la Préfecture du Var) et publié au Journal Officiel du 17 février 1917 (n°162, page 1314).

Louis Gorlier, fils du pharmacien de la Place Puget et lui-même étudiant en pharmacie, est le premier Président du Club et Marius Raymond, son premier Secrétaire Général (il le restera jusqu’en 1926 d’ailleurs).

Louis Gorlier jouait également dans le pack de l’Equipe et en était d’ailleurs l’un des seuls Toulonnais puisqu’on y trouvait un Grenoblois, un Dijonnais, un Auscitain, un Tarbais, un Toulousain, des Bordelais et même des Bretons (Brestois et Saint Nazairien) : la grande majorité des Joueurs étant issus de la Marine.

Au terme de sa première saison, le Rugby Club Toulonnais remporta le Championnat du Littoral (symbolisé par le Trophée du Mousse Siffleur) en battant l’Olympique de Marseille et va jouer sa première finale nationale : celle de 2ème série face à Montauban. D’abord prévue à Marseille, la finale fut jouée à Montauban : le RCT avait reçu un télégramme l’avisant que la finale était reportée alors que Montauban se trouvait bien à Marseille ! Les « Rouge et Noir » perdront cette finale 15 à 3.

Pour s’entraîner, le Club loua un terrain dans le quartier de La Marquisanne à trois kilomètres du Centre Ville mais bien desservi par le tramway.

Ce terrain transformé en asinodrome (les courses d’ânes étaient assez populaires en ce temps), les Joueurs se dirigèrent alors sur « Le Potager », un terrain bordant la Rivière des Amoureux. C’est d’ailleurs sur ce terrain, en décembre 1913, que le Rugby Club Toulonnais battit une équipe formée d’officiers anglais dans le cadre des fêtes franco-anglaise. Authentique exploit pour l’époque où les équipes des Iles Britanniques infligeaient de sévères corrections aux Français

Le premier conflit mondial mit un coup d’arrêt en prenant plusieurs Joueurs (dont Gorlier) qui meurent au front.

Le 2 octobre 1918, le Rugby Club Toulonnais est agréé par le Gouvernement (S.A.G.). Seul Club varois du Comité du Littoral à la suite de la Guerre, le Rugby Club Toulonnais remportait toutefois chaque année le Championnat du Littoral.

En mai 1919, sous la présidence du Docteur (de la Marine) Busquet, le Rugby Club Toulonnais fusionne avec l’Etoile Sportive Toulonnaise, le Sporting Club et le Racing Club (deux clubs de football). Le RCTdevient alors un club omnisports et compte une section athlétisme, de tennis, organise un championnat de boules et le Tour de Toulon pédestre. Sans compter les participations de ses membres aux concours de natation. En 1920, le Club – grâce à la générosité de Félix Mayol – dispose de son propre stade. En mars 1922, le Rugby Club Toulonnais compte 372 membres. Si ceux-ci restent encore fortement issus de la Marine et des Régiments d’Infanterie Coloniale, les Toulonnais – notamment de Besagne – sont de plus en plus nombreux.

Premier Brennus en 1931…

L’Equipe Réserve dispute la finale 1924face à Tarbes qu’elle perd 0 à 3. Le match se déroula à Béziers et, si l’on en croit la légendaire bonne foi toulonnaise, « au moins » trois essais furent refusés aux Toulonnais tandis que le seul essai de la rencontre, marqué donc par les Tarbais, était entaché d’un « monstrueux » en-avant…

Cependant, les affaires ne vont pas forcément bien pour le Club qui doit lancer en mai 1925 une souscription de 60.000 francs pour combler son passif. Le succès populaire est énorme, il faut dire que les commerçants organisent une tombola pour soutenir cette souscription et offrent des lots mirifiques : une Citroën, un piano, un fusil de chasse, une machine à coudre…

Si les résultats ne sont pas encore à la hauteur des espérances des Dirigeants, l’Equipe IV du Club remporte le titre national en 1925 face au S.C.U.F. sur le score de 8 à 0. La saison 1926-1927 a failli voir le Rugby Club Toulonnais – évoluant donc en Excellence (la division nationale) – descendre en Honneur (l’équivalent de la 2ème division), sauvant sa place sur un match nul à Oyonnax (8 à 8).

En 1928, le Rugby Club Toulonnais diversifie encore ses activités en créant une section basket-ball ! Le Club connut même une section féminine de basket et fut à l’origine (avec 8 autres Clubs varois) du Comité Varois de Basket créé en 1938 lors d’une assemblée générale s’étant déroulée au Siège du Rugby Club Toulonnais.

A la même époque, le RCT abandonne sa section football et connut une section de pelote basque formée par les Joueurs originaires du Sud-Ouest, section qui disparaîtra en 1930 au profit des « Pelotaris Toulonnais ».

Lors de la saison 1928-1929, le Club Toulonnais enchaîne les victoires, notamment face au Stade Toulousain, alors au fait de sa gloire (c’était l’époque de la « Vierge Rouge »), lors d’un match où l’on se battit tant sur le terrain que dans les tribunes. Charles Lévy dira que ce match fut « le plus brutal de l’histoire du RCT »… Qualifié, le Rugby Club Toulonnais dispute la demi-finale du Championnat de France face à Quillan. Les Varois s’inclinèrent face à l’armada constituée par le chapelier Bourrel (ayant débauchés notamment les Internationaux Perpignanais Baillette, Ribere, Galia…) sur le score de 13 à 0.

Le Club va gagner son premier Bouclier de Brennus- trophée symbolisant la victoire en Finale du Championnat de France – en 1931. En battant Narbonne en demi-finale, les Toulonnais rencontrent le Lyon Olympique Universitaire au Parc Lescure à Bordeaux. C’est la victoire 6 à 3 (2 essais à 1).

L’arrivée à Toulon donne lieu à des scènes d’hystérie collective avec 30.000 personnes qui accompagnent les vainqueurs de la gare jusqu’au siège du Club, le « Café de la Paix et du Sport ». Dans la chaleur de la nuit qui s’en suivit, Police Secours dut répondre à plusieurs appels téléphoniques de béotiens pensant à une émeute.

A noter que l’Equipe Réserve fut Championne de France trois saisons durant (1930-1931 et 1931-1932 contre Montferrand et 1932-1933 contre le Stade Français).

En 1931-1932, Narbonne bat Toulon en quart-de-finale à Lyon. La saison suivante, le Club dispute la poule de trois qualificatives pour les phases finales mais s’incline de peu devant Narbonne et Bayonne.

En 1934, le RCT – alors présidé par Me Lanflé – est invité pour la première fois à disputer le Challenge Yves du Manoir.

Après avoir battu Albi, Béziers, Bègles, Tarbes, Perpignan et Bayonne, les « Rouge et Noir » de la Rade vont rencontrer les « Rouge et Noir » du Stade Toulousain à Lyon. Au terme de 110 minutes de jeu, les deux équipes ne peuvent se départager (0 – 0). Le titre sera partagé entre les 2 Équipes !

La même saison, en Championnat, le Club franchit les poules de trois (en battant Lyon et Bègles) et se hisse en demi-finale face à l’Aviron Bayonnais. A la suite du match nul (0 – 0) du premier match, le second match verra la victoire 12 à 6 que les Basques accèdent à la finale (qu’ils remporteront face au Biarritz Olympique).

A la fin de la saison, Léo Servole (ouvreur du XV de France), Jean Prin-Clary, Dino Scardigli, Paul Barrère et Émile Giraud partent à Hyères, en 2ème série, attirés par un « mécène », le promoteur Samaran… Ils reviendront la saison suivante. A noter qu’à l’orée de la saison 1935-1936, Toulon comptait 18 Clubs de Rugby « civils » et une quarantaine d’équipes maritimes !!!

Lors des Jeux Olympiques de Berlin en 1936, le Rugby Club Toulonnais section athlétisme est représenté par Wirtz, lanceur de marteau, qui accède à la finale ! En septembre 1936, c’est Mazoyer, membre de la section tir, qui représente la France aux Championnat du Monde. La section tir du Rugby Club Toulonnais fut fondée en 1935 et s’entraînent sous les gradins du Stade Mayol. Cette section tir prendra son indépendance après la Seconde Guerre Mondiale et deviendra la Société de Tir Toulonnaise, toujours active et qui a conservé, en souvenir de ses fondateurs, les couleurs Rouge et Noir. Côté Rugby, le Club est battu par Narbonne à Grenoble en quart-de-finale.

En 1937, le Rugby Club Toulonnais compte cinq sections (rugby, basket, athlétisme, tir et préparation militaire) pour 288 membres. 1938 : mauvaise saison du Club qui est éliminé en repêchage pour les huitièmes de finale 3 à 0 par Pézénas.

La saison 1938-1939 est encore exaltante : le RCT se retrouve en Finale du Challenge du Manoir face à Pau. Les Béarnais s’imposent 5 à 0. En Championnat, après une victoire contre Tulle en huitièmes de Finale, Toulon bat Bayonne 13 à 0 à Toulouse et sera battu en demi-finale par Biarritz à Lyon, 7 à 0.

Le Club se remettra rapidement des affres du second conflit mondial : lors de la saison 1945-1946, le RCT parvient en demi-finale face à Lourdes : aux termes de 110 minutes de jeu, les Bigourdans l’emportent 5 à 4 : un essai transformé par Jean Prat contre un drop d’Eugène Chaud qui mit d’ailleurs un terme à sa carrière de Joueur à l’issue de ce match.

Deuxième Finale du Championnat en 1948

La saison suivante, les Toulonnais sont éliminés 16 à 3 en huitièmes de finale par le Stade Toulousain (qui sera Champion de France face à Agen) lors d’un match disputé à Perpignan dont Georges Pastre écrivit : « le choc (…) engendra, sur les bords de touche, des excès dont on parle encore à Toulouse ; le couteau y fut sorti » !

Après avoir battu Biarritz en huitièmes (13 à 7), Toulon bat Bayonne 7 à 5 sur un essai à vingt secondes la fin de Jaffrain en quart-de-finale puis Vienne, 11 à 6, en demi-finale.

Le Rugby Club Toulonnais s’incline 11 à 3 face au grand Lourdes à Toulouse devant 5.000 Supporters Toulonnais qui battent les records pour l’accoutrement et les sirènes,  » empruntées » à l’Arsenal. Pour Georges Pastre, « on peut estimer que le grand folklore du rugby part de cette finale » : les Supporters Toulonnais sont donc des précurseurs !

Lors de la saison 1948-1949, le RCT disputa deux quarts-de-finale : face à Castres (futur Champion de France face à Mont-de-Marsan) en Championnat – défaite 17 à 6) et contre Lyon en Coupe de France. Les années suivantes furent moins brillantes : éliminé en seizièmes par Carmaux en 1950, 6 à 5 ; en quart-de-finale par Tarbes 6 à 3 en 1951 ; en huitièmes par Agen 9 à 3 en 1952 ; non qualifié pour les phases finales en 1953 et en seizièmes par Toulouse 14 à 0 en 1954.

Toulon disputa toutefois une nouvelle Finale de du Manoir en 1954. Ce match se joua à Mayol face à Lourdes, vainqueur 28 à 12.

En 1955, le Club remporte le Challenge du Club Complet, alors qu’il s’incline en huitièmes face à Lavelanet 13 à 0.

Lors de la saison 1955-1956, c’est encore en huitièmes que Toulon s’incline, 8 à 0 face à Mont-de-Marsan. Cette même saison 1956, les jeunes Toulonnais remportent le Challenge Michelin.

De 1957 à 1967, l’aventure Toulonnaise s’arrête 8 fois au niveau des huitièmes de Finale du Championnat de France : 1957, face à Perpignan, 8 à 3 ; 1959, face à Grenoble, 5 à 3 ; 1961, 14-0 face à Béziers ; 1962: face à La Rochelle, 3 à 0 ; en 1963 face à Dax, 8 à 3 ; en 1965 contre Brive, 8 à 3 ; 1966, contre Graulhet, 8 à 6 après prolongations ; en 1967, contre Brive, 6 à 3…